UNE PORTE À LA MAISON DE NOS PÈRES

1999 |

Chronique théâtrale, en deux temps, quatre mouvements, de la vie de Virgile Bosc, qui a eu sept ans en 1900.

« L’Histoire, c’est la passion des fils qui voudraient comprendre les pères. »
Pier Paolo Pasolini

« Mon nom me semble étrange, c’est le nom de mon père, et mon père, ce n’est pas le sien, c’était le nom du sien.(…) Quand je dis « je m’appelle », j’entends que « je » m’appelle — mais qui répond ? »
Jean-Luc Godard

Ce récit dramatique, écrit au tournant du siècle[1], brosse le tableau d’une existence (fictionnelle) confondue à l’histoire du XXe siècle. Tel Fabrice Del Dongo cent ans plus tôt, Virgile Bosc traverse moins son siècle qu’il n’est balloté par lui : « héros fort peu héros en ce moment »[2] — à moins que, héros malgré lui, porté par la vague moderne, il ne soit infichu de comprendre comment son fils Gabriel a pu quant à lui se laisser submerger par celle de la postmodernité… L’incapacité du fils à trouver la porte d’aucune des demeures de la maison du père[3], n’est pas sans évoquer la Lettre au Père de Franz Kafka — comme l’impuissance de K. à franchir la porte donnant accès au château[4]

[1]Commande d’écriture du Centre Dramatique National Drôme-Ardèche (Comédie de Valence), alors dirigé par Philippe Delaigue.

[2] Stendhal, La Chartreuse de Parme, I, 3, Paris, Pléiade/Gallimard, T. II, 1994, p. 63.

[3] « Il ya plusieurs demeures dans la maison de mon Père », Évangile de Jean, 14,2.

[4] Franz Kafka, Le Château, Paris, Pléïade/Gallimard, T. I, 1980, p. 491 et suiv.

Édition : Noises et autres pièces chorales, l’Artisan chaosmique, 2023.