MINGUS, CUERNAVACA
1991 |
Nonette de jazz et voix
Le 5 janvier 1979, Charles Mingus mourait à cinquante-sept ans d’une sclérose amyotrophique, à Cuernavaca, dans le décor mexicain de « Au dessous du volcan » de Malcolm Lowry.
Les dernières heures du compositeur de « Me Myself and eye »
Voie Humboldt, à Cuernavaca (Mexique), la « Casa Verde » où le contrebassiste et compositeur américain Charles Mingus vécut ses derniers jours, est une grande et belle maison entourée d’un vaste jardin où croissent à foison, profitant du microclimat paradisiaque qui règne ici toute l’année, bougainvillées, eucalyptus, magnolias, zinnias et autres essences tropicales. La terrasse du premier étage, sur laquelle donne la chambre qu’occupait le musicien, jouit d’une très belle vue sur l’un des lointains volcans qui bornent l’horizon. La même maison accueillit Dexter Gordon plusieurs hivers consécutifs. Il s’en porta acquéreur et y vécut ses dernières heures — de même que Gil Evans…
Au cours de l’été 1978, après avoir été reçu par Jimmy Carter à la Maison Blanche, Mingus, se sachant condamné à brève échéance par la maladie qui le clouait sur une chaise roulante, vint à Mexico. Selon son épouse, l’actrice Susam Graham, il suivit en cela le conseil de Gerry Mulligan, dont un ami venait de revenir du Mexique où il avait été soigné pour ce qu’il croyait être la même maladie. Selon d’autres sources, mexicaines en particulier, Mingus vint en fait à Mexico pour consulter une sorcière de grand renom, « Ponchita », afin qu’elle le délivrât du maléfice dont il se croyait — ou disait se croire — la victime.
Nombreux étaient alors les artistes américains à posséder une résidence d’hiver à Cuernavaca. Les Mingus y louèrent d’abord un bungalow modeste. Puis ils trouvèrent la « Casa Verde », et Charles y attendit la mort.
Elle survint après quelques mois, le 5 janvier 1979.
Quatre jours plus tard, ainsi que Jean-Marc Padovani et moi-même avons pu le vérifier sur place, le journal mexicain « El Excelsior » annonçait en première page, photo à l’appui, le surprenant suicide collectif de cinquante-six cachalots, venus s’échouer sur les côtes mexicaines, en Basse Californie. Le même journal annonçait en page neuf la mort de Charles Mingus à l’âge… de cinquante-six ans. Les cadavres des cétacés furent brûlés, alors même qu’on incinérait Mingus. Les cendres du musicien furent ensuite dispersées par sa veuve à la source du Gange, conformément à ses dernières volontés.
Voilà pour les faits. Pour autant que je sache, tout le reste est fiction.
Premières représentations :
– Festival Banlieues Bleues, avril 1991.
– Madrid 2001, mise en scène Guillermo Heras
Édition :
Texte : Éditions Rouge Profond, coll. Birdland. 2003
Commander ICI sur le site de l’éditeur
Disque : « Label Bleu », 92 (enregistrement public au Passage du Nord-Ouest, Paris, décembre 91.)
Traduction : espagnol (publiée avec 4 autres « oratorios » aux Editions Teatro del Astillero), ainsi qu’aux éditions de l’Université de Valencia (Teatro siglo XX, 1997).
Traduction(s) :
FERNANDO GOMEZ GRANDE | espagnol (castillan)
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