LE DIT DE LA CHUTE

2003 |

jazz poem

tombeau de jack kerouac

Fervent admirateur des grandes figures de la scène jazzistique américaine des années cinquante, l’auteur de Sur la route a souvent relaté dans ses récits les soirées passées à boire et à écouter de la musique dans les clubs de la 52è.
On sait moins qu’il aimait à grimper sur l’estrade pour interprêter ses poèmes (parfois même les improviser) en compagnie de ses musiciens préférés.
Quelques rares enregistrements ont conservé la trace de ces fins de soirées homériques. D’autres ont été réalisés en studio, avec des artistes tels que Steve Allen, Al Cohn, Zoot Sims…
En 1957, Max Gordon, propriétaire du fameux « Village Vanguard », impressionné par sa réputation de lecteur, lui signa un engagement de plusieurs semaines. Entrant soûl chaque soir en scène, afin d’anesthésier son trac, Jack en vint à redouter ces lectures publiques, saluées de sifflets et de ricanements. Pour tâcher de reconquérir un public hostile, il lut des textes d’Allen Ginsberg et de Gregory Corso, des prières, des mantras, improvisa des sermons bouddhiques ou des éloges à l’œuvre de Thoreau ou de Joyce… Rien n’y fit : les new-yorkais branchés venaient contempler la déchéance de l’homme qui s’était fixé pour programme essentiel d’habiter « l’Amérique comme poème, au lieu de l’Amérique comme endroit où se débattre et suer ».
Ce pathétique épisode de la vie tumultueuse de Jack Kerouac fournit le cadre et le point de départ du « Dit de la Chute », qui tire son titre d’un passage des « Anges de la désolation », roman-récit de 1965 : « Quelle est la Lumière qui nous pousse — La Lumière de la Chute — Les Anges sont encore en train de Chuter — Une explication de ce genre, pas vraiment le genre de truc pour un séminaire à New-York University, m’a permis de tenir pour que je puisse chuter avec l’homme, avec Lucifer, jusqu’à l’idéal excentrique de l’humilité de Bouddha — (Après tout, pourquoi Kafka a-t-il écrit qu’il était un Insecte aussi gros)— » (p326, dans la trad. française de Pierre Guglielmina, Denoël, 1998.)
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Production et premières représentations : Théâtre d’Auxerre, mai 2003.

Reprise : Paris, Maison de la Poésie 15 sept/10 oct 2004.
Tournée : Metz, Douai, Blois, TNP (Villeurbanne), festival de Blaye, Figeac, Chateauvallon, Pont-à-Mousson…
CD : Escotatz! 2004.

Édition : Vite ! et autres dits, L’artisan chaosmique, 2022.

Traductions : espagnol.
Traduction(s) :
FERNANDO GOMEZ GRANDE | espagnol (castillan)