D'un espiègle cher disparu...
1985 | quatuor dramatique
"Je m'appelais Pablo Vergès - signature de l'intéressé - chasse à l'homme dans le quartier des rêves défunts - signe particulier réduit en cendres incorporées à la terre qu'écrasent les semelles des gens en marche - la terre a comme un goût de merde fauve il s'y ajoute la texture des graviers dans une bouche imaginaire - matière impalpable de la cendre - poussière infectée d'ironie - comme je vous aimais ô mes soeurs grises éparpillées au vent et que la pluie de ce jour-là changeait en larmes opaques - j'ai tourné le couteau dans la plaie le fer luisait encore dans les viscères aucune chair ne l'a souillé - trouvé moitié mort un matin à l'ombre d'un camion - persiste et signe - ça ne faisait pas un compte rond"
Rien au premier abord, que de très ordinaire, n'était l'endroit: un terrain vague où ont été dispersées les cendres du jeune disparu.
De cette circonstance singulière procède le dérèglement de la petite machine à mémoire que constitue cette réunion : chacun semble soudain rendu à son étrangeté, comme l'écho distordu de son propre personnage.
Premier anniversaire du décès : le genre d'occasion où l'art de la contenance consiste à refuser de jouer le jeu de la mort, en se défiant de toute séparation. Chacun donc de se défausser au plus vite de ce qui tend au fil des jours à le séparer du monde. Mais le cher disparu est espiègle...
Cinq âmes entrelacées fouillent la nuit des mots en quête d'un refuge. Tranche de vie en enfer. J'appelle pour ma part le feu, "Pablo" — à chacun ses histoires.
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Premières représentations : Théatre de l'Ouest Lyonnais, 1986, mise en scène Philippe Delaigue.
Edition : Editions de Minuit, 1986.
Traductions : allemand
Traduction(s) :
Heinz SCHWARZINGER | allemand
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