MOLESKINE
2009 |
microdrame – duo
Le théâtre et l’argent font rarement bon ménage. Je connais bien la saveur du premier, moins l’odeur du deuxième — quoique j’en voie, de temps à autre, la couleur.
RAVEN. — connais pas ce type
KRAFT. — eh bien lui vous connaît mon cher et il vous apprécie
si ce n’est vous du moins votre œuvre
il aime vos tableaux
et pour preuve
RAVEN. — (pour preuve) de son amour disons le mot
KRAFT. — pour preuve de son intérêt il les achète
RAVEN. — vous voulez dire qu’il a tout embarqué ?
KRAFT. — non Raven non
tout ministre qu’il soit George n’a pas les moyens d’acquérir une vingtaine de Raven
RAVEN. — mais tout ministre qu’il soit madame Kraft l’appelle Georges
KRAFT. — c’est un fidèle de la galerie
vous n’êtes pas curieux de savoir ?
RAVEN. — les mobiles de sa fidélité ?
KRAFT. — je vous le dis en amitié Raven
votre ironie permanente a un côté
RAVEN. — ravénien
KRAFT. — pénible
RAVEN. — et d’autant plus injuste Sybille que ce Sancerre est admirable
vous adresserez mes compliments à qui de droit
je bois et je pisse dans les 500 litres de vin blanc par an
ce qui fait de moi je suppose un éminent spécialiste
(je veux dire du blanc en général)
avec je dois l’avouer une nette prédilection pour le Bourgogne
mais ce Sancerre me ferait presque changer de religion
j’ai goûté l’autre jour un Minervois figurez-vous
KRAFT. — je ne suis pas négociante en vin Raven
la galerie Kraft a organisé à grands frais une exposition de vos
l’expo est terminée et nous parlons gros sous
RAVEN. — votre ministre il a pris quoi ?
KRAFT. — le 120 par 120 sans titre bleu et gris vous savez avec cette sorte de figure en bas à droite
RAVEN. — ah oui ? celle-là ?
(temps)
pas con
KRAFT. — je lui ferai part de votre enthousiasme
RAVEN. — vous croyez qu’il va la mettre dans son bureau ?
KRAFT. — c’est assez probable en effet
RAVEN. — il est ministre de quoi ?
KRAFT. — de l’Intérieur
RAVEN. — un flic ?
KRAFT. — mais on le donne pour Matignon figurez-vous
RAVEN. — vous avez vendu mon tableau à un flic ?
KRAFT. — eh bien lui vous connaît mon cher et il vous apprécie
si ce n’est vous du moins votre œuvre
il aime vos tableaux
et pour preuve
RAVEN. — (pour preuve) de son amour disons le mot
KRAFT. — pour preuve de son intérêt il les achète
RAVEN. — vous voulez dire qu’il a tout embarqué ?
KRAFT. — non Raven non
tout ministre qu’il soit George n’a pas les moyens d’acquérir une vingtaine de Raven
RAVEN. — mais tout ministre qu’il soit madame Kraft l’appelle Georges
KRAFT. — c’est un fidèle de la galerie
vous n’êtes pas curieux de savoir ?
RAVEN. — les mobiles de sa fidélité ?
KRAFT. — je vous le dis en amitié Raven
votre ironie permanente a un côté
RAVEN. — ravénien
KRAFT. — pénible
RAVEN. — et d’autant plus injuste Sybille que ce Sancerre est admirable
vous adresserez mes compliments à qui de droit
je bois et je pisse dans les 500 litres de vin blanc par an
ce qui fait de moi je suppose un éminent spécialiste
(je veux dire du blanc en général)
avec je dois l’avouer une nette prédilection pour le Bourgogne
mais ce Sancerre me ferait presque changer de religion
j’ai goûté l’autre jour un Minervois figurez-vous
KRAFT. — je ne suis pas négociante en vin Raven
la galerie Kraft a organisé à grands frais une exposition de vos
l’expo est terminée et nous parlons gros sous
RAVEN. — votre ministre il a pris quoi ?
KRAFT. — le 120 par 120 sans titre bleu et gris vous savez avec cette sorte de figure en bas à droite
RAVEN. — ah oui ? celle-là ?
(temps)
pas con
KRAFT. — je lui ferai part de votre enthousiasme
RAVEN. — vous croyez qu’il va la mettre dans son bureau ?
KRAFT. — c’est assez probable en effet
RAVEN. — il est ministre de quoi ?
KRAFT. — de l’Intérieur
RAVEN. — un flic ?
KRAFT. — mais on le donne pour Matignon figurez-vous
RAVEN. — vous avez vendu mon tableau à un flic ?
Contribution au recueil « L’argent » – petites formes dramatiques commandées et publiées par la Comédie Française