LA PLAIE ET LE COUTEAU

1992 |

11 hommes.

Il n’est aucun mythe qui ne soit né d’âmes en peine. Et Gilles de Rais fut de celles-là.

Il y a chez lui une déchirure, tout à la fois universelle et singulière en ce qu’elle est chez lui portée à son paroxysme : irréductible schyze entre moi idéal et moi réel, impossibilité pathétique de hisser sa propre existence à la hauteur de l’exigence supposée du père (ou de son substitut, en l’occurrence), dégoût croissant pour l’indocilité du monde…
La plaie et le couteau » n’a pas pour ambition de retracer fidèlement l’histoire de Gilles de Rais. Reste que ce qui pourra paraître le plus abracadabrant dans cette pièce, est parfois le plus authentique. De même le plus vraisemblable est-il souvent le plus inventé.
En qualifiant Gilles de monstre sacré, Georges Bataille donne le « la » de ce nouveau concert d’enfers. L’excès dénonce l’irréfragable noyau de nuit de toute biographie. Il instruit moins qu’il ne bouleverse. le silence des tombes tenant bien souvent lieu d’approbation — mais il se ressuscite en suscitant la poésie. L’ordre des choses s’en trouve irrémédiablement bafoué. En l’espèce, subjectivité fait loi.
Paraphrasant l’auteur de L’expérience intérieure, on pourrait donc dire de cette pièce qu’elle ne prétend nullement à explorer la nuit : c’est la nuit qui l’explore.
PDF

Premières représentations : Rencontres d’été de La Chartreuse (CNES) -Festival d’Avignon 1993. Comédie de Caen/ Théâtre de la Chamaille. Mise en scène Hervé Tougeron – Dominique Colladant.

Edition : Editions de Minuit, 1993.

Traductions : allemand, espagnol.
Traduction(s) :
Heinz SCHWARZINGER | allemand
Lui écrire

FERNANDO GOMEZ GRANDE (esp.)
espagnol (castillan)
Lui écrire