ROOM SERVICE

2008 |

duo dramatique

Un soir de 31 décembre, une chambre au Fast Forward, palace tokyoïte.

je me souviens de la première fois où je t’ai vue ce soir de juin à la terrasse du Pré Carré il y a précisément quatorze ans ans
quelque chose comme cinq mille jours
ta merveilleuse exubérance parfait hiatus au pays du bon chic
j’ai été tu le sais ébloui j’ai été enchanté
me suis toutes affaires cessantes enquis de ton nom on m’a dit « laisse tomber »
les hommes posaient sur toi leur morne regard de prédateurs
il s’en trouverait bien un pour t’infliger une blessure définitive songeaient secrètement toutes les femmes présentes ce soir-là
blessure opprobre mutilation
c’était je suppose trop d’élan trop de beauté en joie trop
d’espièglerie
je pensais des folies qu’avais-je en magasin pour te séduire ?
désir hargneux de voir défaits tous ceux qui te vouaient au pire
et mon envie de toi de ta peau (s’interrompt) de ton rire (s’interrompt) pour moi seul
ce furent treize grandes années
comme les treize vers d’un sonnet inachevé
manquerait à jamais le quatorzième la chute l’accord final
Contribution au recueil ludique « Le Jeu d’histoires libres » (avec Fabrice Melquiot et Pauline Sales) – Arche Éditeur
« Imaginer, inventer, improviser, écrire, raconter, écouter, échanger, partager. La pratique collective rassemblant un groupe de « joueurs » (et non d’acteurs) qui improvisent selon un thème choisi est ancienne. Le rôle de l’acteur et du spectateur se confondent. Le but visé n’est pas une création collective que l’on prévoit de montrer ultérieurement au public. L’objectif est une certaine libération corporelle et émotive dans le jeu. »