LE DIT DE JÉSUS-MARIE-JOSEPH – 1992

Il n’y a pas de « était », dit Faulkner. Le temps est. Si « était » existait, il n’y aurait ni souffrance, ni tristesse. Le dit de Jésus-Marie-Joseph est né de cette idée – sans doute abusive – de l’auteur de Sound and fury, du souvenir personnel d’un séjour en hôpital psychiatrique, effectué il y a bientôt cinquante ans, et de la fréquentation assidue des sentiers de grande randonnée.

Le rêve qui conduit ce « dit » est un rêve empreint de souffrance et de tristesse. Ce pourquoi il est écrit au temps présent

« J’essaye de peindre le visage de Maman avec des yeux plus grands que la bouche. Mais ça ne marche pas.
Maman ne me mange pas des yeux. Elle m’avale avec ses mots.
Les mots ne sortent pas de sa bouche. Ils y rentrent.
Ils m’entraînent avec eux.
Les yeux de Maman ne sont pas des trous.
Aucune image ne les pénètre.
Ce sont des cailloux.
Maman ne me regarde pas. Elle me jette ses yeux pour me faire mal.
Je le vois bien quand je les peins.
Comment peindre un oeil, si c’est un caillou ? »

Texte, Enzo Cormann
Musique, Gilles Chabenat et Jean-Marc Padovani
Interprètes : Enzo Cormann, voix
Gilles Chabenat, vielle électroacoustique
Jean-Marc Padovani, saxophones
Enregistré et mixé au Théâtre des Sept Collines de Tulle les 12 et 13 Juin 2008 par Pierre Fleygnac.

Conception graphique : Anne Laville.
Illustration de couverture : Natasha Krenbol, Tribute to Steve Biko, (technique mixte sur bois).

Texte publié aux Éditions Théâtrales