LE TESTAMENT DE VÉNUS
2006 |
« Je, soussigné Vénus, 55 ans, né le 25 avril 1947… »
Félix Fayard, dit Vénus, retrace le récit de sa vie sur trois cahiers sauvés de la poubelle. Dans cet almanach buissonnier se croisent et se bousculent les figures de sa mère Lucie, fille de meunier, et celle de Driss ben Shaab, ce Père Non Connu. L’image de la jarre enfouie où il se réfugiait enfant, et le souvenir d’un chien tueur. Ses Leçons de Voyouterie à Paris puis en Afrique, et les années de prison qui en découlent. Ses Gamberges sur l’Être initiées à l’hôpital psychiatrique où sa mère l’a fait interner, et les conversations avec le Mouvementeur, ce peintre qui l’enjoint de suivre ses impulsions de gribouilleur. Devenu Artiste Général, le soussigné a conçu quelque cinq mille pièces, qu’il expose dans sa galerie l’Amusée, avant que le progrès et ses hydrorapaces ne le chassent pour toujours du moulin de son enfance. Squattant dès lors une tannerie désaffectée sur les berges de l’Ire, il organise sa survie en marge d’un monde qui semble ne vouloir que sa disparition. Rares sont ceux à visiter encore cet ermite tenu pour fou, voire dangereux, qui, revenu des fureurs du baroud, de la tentation de la folie et des affres de l’amour, n’aspire pourtant qu’à «rentrer à la maison».
Cette geste drôlatique d’un «œuvrier», nourrie des affinités de l’auteur avec l’art brut, restitue à un «homme de peu» sa grandeur déniée, et lui donne acte de son échappée belle.